le futur de la pensée, préalable oublié de la futurologie

Classé dans : 5/ démarches | 0

 

Un livre de vulgarisation scientifique va être lu par une personne ignorant tout de son objet, elle ne va rien y comprendre. Lu par un étudiant dans ce domaine, il va être trouvé intéressant. Lu par un spécialiste, il sera considéré comme trivial et truffé d’insuffisances.

Un bébé aime le contact de sa mère et continue à aimer ses caresses pendant plusieurs années. Sur la base de cette tendance, son futur le destinerait à les aimer toujours, voire de plus en plus. Pourtant il suffit de quelques années pour que ces caresses commencent à le gêner et de quelques autres pour qu’il les rejette, parfois brutalement.

Dans les deux cas, le “produit“ est toujours le même, seule la façon dont il est reçu a évolué.

Ce produit pourrait être une innovation technologique, et chacun de ces individus, chacune de ces périodes, pourrait représenter un comportement de groupe.
L’adoption de la technologie serait alors fonction du fait que l’un ou l’autre de ces groupes devienne dominant.

Que serait-il advenu du téléphone, si la réaction majoritaire parmi le premier cercle de ses utilisateurs avait été celle d’Edgar Degas «On vous sonne et vous répondez ?».

Et si la légitimité de l’esclavage s’était maintenue. Et si la sensibilité environnementale avait été celle d’aujourd’hui au moment où les industries sidérurgiques et minières portaient les économies. Les indiens l’avaient, le parc de Yellowstone a été créé en 1872, il aurait suffi d’une pénétration rapide de ces idées.

Les exemples ne manquent pas de pensées qui auraient changé la face du monde si elles étaient devenues majoritaires ou si elles avaient émergé plus tard ou plus tôt.
Les anticipations des divers visionnaires (voir «visionnaires du passé comment ont-ils fait ?»), les tanks et les sous-marins de Leonard de Vinci, le cubisme, la bande dessinée seraient devenus des réalités bien avant… pour le meilleur ou pour le pire.

Le concept de légitimité (voir «le concept de légitimité: une clé pour l’approche du futur») a déjà été posé comme permettant d’envisager les “possibles sociaux“.

Un complément important consiste à essayer de “déplacer vers le futur“, non seulement les différents possibles techniques, mais également les modalités de leur réception par le corps social, lui même en évolution permanente: en un mot, évaluer les possibles de demain avec la pensée de demain (et non pas celle d’aujourd’hui).

De multiples idéologies sont actuellement à l’oeuvre, de leurs futurs va dépendre l’avenir de nos sociétés. Ainsi, quels futurs pour:

• la confiance
• l’éthique
• la pensée rebelle et la pensée extrême
• le suivisme et le conformisme
• l’indifférence et le militantisme
• la pensée religieuse ou utilitaire
• la pensée environnementale
• les relations à l’intelligence artificielle
• la pensée du risque et de la surveillance
• les effets de la peur … et de quelles peurs?
• la connaissance
• les données
• la création
• l’information
• le langage et les modalités de communication
• l’évaluation et les choix
• les idéologies des décideurs et celles des régulateurs
• etc…

Si les évolutions et innovations techniques ou économiques possibles sont légion, la “pensée majoritaire qui les recevra“ leur sera commune. Même si personne ne prétend que l’exercice soit simple, l’analyse du futur de la pensée doit alors être posée comme essentielle dans une démarche de prévision.

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *