futurologue, qui est le “nous“ de “nous serons“?

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Qui se cache derrière ce “NOUS“ que les futurologues annoncent ?

 

«Serons-nous tous ruinés dans dix ans ?» demande Jacques Attali. Cette question ne s’adresse, à l’évidence, ni à ceux qui le sont déjà ni à ceux qui ne peuvent plus l’être.
«Une étude prévoit que nous serons tous végétariens dans moins de 40 ans à cause du manque d’eau» (Le HuffPost  |  Publication: 29/08/2012). Nous manquerons d’eau ?… Même les riches ?

Si Blaise Pascal nous revenait comme futurologue, il complèterait certainement «le moi est haïssable» par «le nous est équivoque». Des catastrophes écologiques qui nous laisseraient tous égaux dans la détresse jusqu’aux possibles technologiques supposés bénéficier à chacun, la question du contenu du “NOUS“ apparaît centrale en futurologie.
Mais si le “NOUS“ y est toujours présent, il avance le plus souvent masqué et ce “NOUS“ implicite n’a souvent rien à voir avec nous.

En 1975, la Nasa prévoyait que l’homme habiterait dans des colonies spatiales en l’an 2000.

source première

Aujourd’hui (ndlr: le 27/09/2010)

«Le milliardaire britannique Richard Branson, patron de Virgin, a assuré que la navette SpaceShipTwo, destinée au tourisme spatial serait en mesure d’offrir ses premiers vols dans dix-huit mois… Le célèbre milliardaire a par ailleurs évoqué, comme prochaine étape, l’ouverture d’hôtels de luxe dans l’espace qui pourraient être utilisés comme étapes pour de longs vols vers la Lune».

(source lemonde)

 

Y-a-t-il un “NOUS“ derrière “l’homme“. Beaucoup de nos concitoyens seront-ils appelés à faire du tourisme dans l’espace – ou bien vont-ils “préférer“ le lowcost, moins loin, moins longtemps“ ?

Le “NOUS“ se présente aussi fréquemment sous le vocable de “société“, une société présentée comme tellement homogène qu’il est possible de la résumer par un seul terme simple.

  • «Passer d’une société de défiance à une société de confiance» (le figaro – 25/12/2011)
  • «Passer d’une société de l’excessif et de l’aveuglement à une société de responsabilité» (la gauche moderne)
  • «Passer d’une société de conflits à une société de contrats» (slate.fr)
  • «Passer d’une société d’ébriété à une société de sobriété» (Noël Mamère)

 

Si médiatiquement parlant ce type d’aphorismes donne une impression globale de synthèse et de maitrise du sujet, on reste en droit de se demander quelle est donc cette “société“ dont le “NOUS“ ne renvoie qu’à une réalité aussi famélique?

Le camouflage du “NOUS“ à encore bien d’autres ressources, y compris celui de disparaître derrière un fait technologique implicitement ouvert à toutes sortes d’extrapolations -complètes ou partielles-.

Afin d’être en parfaite harmonie avec la maison, chaque personne passe par le rituel du port de badge électronique à conserver sur soi, pour vous reliez aux services domotiques de la maison. Ce badge, véritable RFID individuelle permet au système de vous repérer dans la maison et de vous identifier en vous ouvrant des secteurs dédiés à votre personnalité, à vos goûts et peut même répondre à vos moindres attentes.

(source maison-numérique)

On aura reconnu la célèbre maison de Bill Gates au bord du lac Washington à Seattle.

Peut-on voir là l’amorce d’une pratique sociale plus vaste ?Pour mémoire, en France:

En 2010, la surface moyenne par personne est de 41 m2 et a peu progressé sur cinq ans par rapport aux vingt années précédentes

(source INSEE)

“En moyenne“, ce qui signifie que beaucoup ont moins et qu’une fois déduites les surfaces des pièces de service, il ne restera le plus souvent qu’un seul “tout petit“ secteur “dédié à la personnalité, aux goûts et à la satisfaction des moindres désirs de l’habitant“. Et l’on voit mal comment ces conditions pourraient évoluer rapidement.

En quoi des prévisions dépourvues d’un “NOUS“ crédible, pourraient-elles nous renseigner sur ce que sera notre civilisation dans 20 ans, 30ans, 50 ans…?
Est-il important, voire intéressant, en futurologie de prédire un possible lorsqu’il est socialement vide de sens? Or la signification sociale est précisément donné par le contenu du “NOUS“.

 

La métamorphose d’une cohabitation de pratiques sociales

 

Les sociétés d’ici et maintenant, d’hier ou d’ailleurs sont et ont toujours été plurielles. Elles le seront également dans le futur, ceci est une certitude absolue.

Le régime le plus totalitaire comportera toujours des dominants, des dominés, des résistants, des collaborateurs… des optimistes, des pessimistes, des intellectuels, des fanatiques, des jeunes, des vieux, des femmes, des hommes… des malades, des handicapés, etc.

Ceci s’applique même à la vague internet, une des évolutions les plus radicales que nos sociétés aient connues:

En moyenne, en 2010, sept ménages européens sur dix (70 %) composés de membres âgés de 16 à 74 ans avaient accès à l’internet à domicile…/…… ce qui signifie qu’en 2010, 30% des ménages européens (9% aux Pays-Bas, 27% en France, 67% en Bulgarie) n’en disposaient pas.

(source eurostat)

Même internet n’est pas une évidence pour tout le monde.

Les différents groupes sociaux interprètent à leurs manières les idées et principes dominants. Ils intègrent les innovations et évolutions diverses de façons différentes à partir de leurs potentialités et contraintes propres . Ils interagissent, se développent, se diluent, apparaissent ou disparaissent. Ces mouvements sont généralement progressifs, parfois plus rapides, mais en tout cas permanents.
La futurologie ne peut donc se fonder que sur l’analyse des métamorphoses possibles d’une cohabitation de pratiques sociales. À une échéance proche ou lointaine, tout peut être possible,… mais évidemment pas pour tout le monde… et même pas pour une majorité.

 

 

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