approche du futur: de la métaphore du train à celle du voilier

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La métaphore du train

 

Le futur est fréquemment vu comme découlant de l’action d’une force dominante, dont les effets sont lisibles aujourd’hui et extrapolables à demain. Cette action dominante est généralement considérée comme étant le fait de l’évolution des savoir-faire technologiques, ou plus largement de l’évolution du domaine dit des technosciences. Le principe implicite de cette lecture peut se résumer ainsi: une force, un mouvement. Les technosciences sont la locomotive, la société les wagons. La métaphore implicite est celle d’un train.

 

La métaphore du voilier

 

Imaginons maintenant que cette évolution soit apparentée, non pas au mouvement d’un train, mais à celui d’un voilier remontant au vent, par exemple un vent du nord.

Le voilier ne peut remonter directement au vent. Il ne le peut que par des virements de bord successifs qui dans notre exemple lui donneront tour à tour des directions nord-est et nord-ouest. Ce sont ces deux directions possibles que pourrait lui donner une controverse d’observateurs. Or, en réalité, c’est bien vers le nord que le voilier se déplacera, mais cette direction ne serait jamais lisible dans son mouvement instantané.

Appréhender son mouvement réel supposerait deux conditions (au moins)
• Il faudrait comparer sa position à deux moments distants
• Il faudrait ne pas se laisser influencer par son mouvement instantané

À la différence du train supposé animé d’une force unique, le voilier subit l’action d’au moins deux forces : celle du vent sur sa voile, celle de l’eau sur sa dérive. C’est ce qui explique qu’il se déplace selon une troisième direction différente des deux premières.
Le processus d’évolution n’est plus de type linaire, mais de type vectoriel (nous dirons composite).

 

Interprétation

 

Cette métaphore du voilier aux ambitions modestes permet cependant de comprendre que plus le nombre de forces mises en jeu sera important, moins les observations courtes nous renseigneront sur le sens général de l’évolution.
Plus exactement, les observations courtes seront susceptibles de nous renseigner sur les rapports de forces à très courte échéance (projection) alors que c’est la temporalité historique qui nous renseignera sur les évolutions à long terme (prospective ou futurologie). On retrouve cette différenciation déjà entrevue dans notre fable précédente («les deux enfants et les jupitériens»).

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