Réchauffement climatique, transhumanisme, big data: quelles erreurs pourraient être associées à ces 3 piliers de la pensée unique actuelle?
En premier lieu, va-t-on se tromper sur le réchauffement climatique? Non, bien sûr. Mais ce n’est sans doute pas dans ces termes que va se poser le problème.
Le réchauffement climatique
Nous avons vu dans le billet précédent (lien) qu’un biais fondamental de la pensée futurologique consistait à raisonner en terme « d’états » et de confrontation de deux états: l’actuel et le futur. Or, cette confrontation n’est jamais lisible, car il y a, d’une part, transformation progressive et d’autre part, « pas d’état final ».
Une confrontation d’états est donc toujours fictive, quel que soit le sujet. Or, sur la question qui nous occupe, c’est de ce rapprochement que découle l’idée de « catastrophe climatique ».
Le réchauffement va induire des « catastrophes naturelles »… comme on en connait… comme on en a toujours connu. Il y en aura seulement de plus en plus. Elles seront majoritairement traitées au coup par coup… comme quand il y en avait moins… de façon inégalitaire… comme cela a toujours été le cas. Aucun état catastrophique global ne sera jamais identifiable en tant que tel. La problématique du réchauffement va se dissoudre dans le vrai mécanisme de l’évolution, celui de la métamorphose.
L’infographie ci-dessous (source Agence Internationale de l’Energie – novembre 2014), ouvre à un autre scénario (non exclusif du précédent)
Elle montre:
- que la consommation d’énergie fossile devrait augmenter de 30% en 2040 par rapport à 2012… et qu’en outre, personne ne se pose plus la question de sa disponibilité. Nous sommes loin des prédictions du Club de Rome.
- qu’en conséquence, la part du réchauffement lié à l’activité humaine va suivre la même évolution… et que “la solution alternative“ du développement des énergies renouvelables n’y changera rien. En un mot, cette solution alternative… n’est pas une solution.
S’il n’y a pas de solution douce, on va sans doute avoir recours aux solutions dures et il faut se préparer à voir la maintenance de la planète confiée aux bons soins de la technologie… soit la fin de l’idée de nature… Se terminerait ainsi un cycle historique commencé le 30 juin 1864.
Les arguments dûment développés (et à juste titre) par la pensée écologique pourraient, “une nouvelle fois“, alimenter la légitimité des actions de ses adversaires, comme les questions de pollutions aux hydrocarbures ont servi d’alibi au développement du nucléaire. Tout sera mobilisé pour “défendre la planète“ et “ses écosystèmes“: des OGM aux nanotechnologies, de la génétique à la géo-ingénierie (d’ores et déjà évoquée dans le dernier rapport du GIEC).
Un futur paradoxal pourrait en découler. Être capable de “soigner la planète“ pourrait s’avérer couteux en ressources et provoquer un relâchement des bonnes pratiques. On pourrait ainsi en revenir… aux prédictions du Club de Rome… avec seulement un peu de retard… mais dans le cadre d’une problématique devenue exclusivement économique.
Le transhumanisme
Le transhumanisme se définit comme:
un mouvement culturel et intellectuel international prônant l’usage des sciences et des techniques, ainsi que les croyances spirituelles afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains.
Améliorer l’humain. Comment imaginer ne pas le faire dans l’avenir alors qu’il s’agit d’une démarche de toujours, d’une réalité aussi vieille que le premier vaccin et aussi actuelle que les greffes et implants corporels, le dopage, la chirurgie esthétique, voire le simple entrainement sportif.
Où pourrait donc se glisser l’erreur?
Sans doute comme ci-dessus:
- Dans une confrontation fictive “d’états“: avec un état final renvoyant au mythe multi-millénaire du surhomme
- Dans les connotations propres à l’époque (lien) celles du pouvoir et de l’inégalité. En version courte: ceux qui pourront s’offrir ces intelligences supérieures dirigeront le monde… et de façon irréversible… puisqu’ils seront suffisamment forts et intelligents pour empêcher quiconque de prendre leur place. Cette vision actuelle rejoint paradoxalement un avenir du même type promis… aux robots!
L’exigence de simplification de la pensée unique donne ici toute sa mesure et fait l’économie d’un ensemble de questions pourtant essentielles:
- Qu’est-ce qu’une intelligence supérieure?
- Le pouvoir actuel appartient-il aux champions du monde d’échecs?
- Qui a besoin de se doper? …Les sponsors ou les athlètes?… Les milliardaires ou ceux qui travaillent?
- Les gens plus fort que la moyenne existent déjà: à quoi servent-ils? À quoi serviront-ils dans un monde de robots?
La génétique va sans doute révolutionner la médecine (nous y reviendrons), mais le transhumanisme pourrait ne jamais servir à autre chose qu’à reproduire et pérenniser une idéologie multi-millénaire, celle du surhomme.
… En tout cas, espérons-le, car s’il existe une autre constante dans l’évolution technologique c’est que les grandes innovations ont toujours servi à faire la guerre. Or, savoir augmenter les facultés de l’humain, c’est évidemment aussi… savoir les réduire. Par ce biais, ce sont des… sous-hommes… que le transhumanisme pourrait surtout produire.
Le traitement massif de données personnelles
Le traitement massif de données se positionne comme un outil d’efficacité. Il promet à cette fin des capacités prédictives. Il peut servir à beaucoup de choses, mais notre imaginaire collectif l’associe principalement à deux domaines: l’efficacité policière et l’efficacité commerciale
- Les incertitudes qui pèsent sur le futur du premier ont déjà fait l’objet de nombreux billets.
- En ce qui concerne le second, on pourrait évoquer la puissance croissante possible de différentes contre-forces d’ores et déjà à l’oeuvre, mais le nerf de la question pourrait se situer ailleurs.
Le développement du traitement massif de données personnelles à des fins commerciales, à l’instar de la grande majorité des scénarios envisagés aujourd’hui dans tous les domaines, tient pour acquise la persistance d’une économie mondiale fondée sur la “grande consommation“.
Quel crédit faut-il accorder à cet a priori? Nous allons nous pencher sur cette «question essentielle» dans le prochain bille
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