Téléportation: pourquoi a-t-on préféré revenir au tramway ?

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Comment pense-t-on le futur d’un problème qui n’a jamais été résolu? Tel apparait en effet le transport urbain. L’embouteillage initial des charrettes à main et des chars à boeufs est devenu celui des voitures à cheval, puis à moteur. Rien n’y a fait, pas même l’entrée dans l’ère des transports en commun, du métro, et avant lui du tramway

Les premiers essais de tramways ont eu lieu vers 1832 dans plusieurs villes américaines, telles New York ou Baltimore …/… L’aventure des tramways parisiens a commencé en 1853. La capitale a été pionnière avec la mise en service de la première ligne européenne de ce qui s’appelait alors « Le Chemin de Fer Américain ».

Ce mode de transport eut une longévité extraordinaire puisqu’il fallut attendre le milieu des années 50 du siècle suivant pour en voir les derniers exemplaires disparaitre de nos villes.

À peine 10 ans plus tard, on pouvait lire sous la plume du père de la cybernétique, Norbert Wiener (w)

Il est conceptuellement envisageable de transmettre un être humain à travers une ligne télégraphique […]. Pour l’instant et peut-être pour toute la durée de l’espèce humaine, cette idée est impraticable, mais elle n’est pas pour autant inconcevable.

N’y retrouve-t-on pas comme un air de famille avec les prophéties transhumanistes d’aujourd’hui comme celle de  Freeman Dyson :

L’humanité me semble un magnifique commencement, mais pas le dernier mot.

En fait, cette déclaration de Wiener ne précédait que de 10 ans une autre idée “nouvelle“ (lien)

En 1975 le Secrétaire d’Etat aux Transports, Marcel Cavaillé, avait lancé l’idée de concevoir un transport de surface guidé, à grande capacité, destiné à l’amélioration des réseaux de province …/… Il s’agissait d’un véhicule articulé sur rails dénommé alors « Métro léger ». À y regarder de plus près, il n’y avait aucun doute qu’il s’agissait bien d’un tramway…/…Dans le contexte de l’époque, l’idée semblait révolutionnaire … ou anachronique ! Pourtant elle fit son chemin et aboutit dix ans plus tard à la mise en service du premier tramway moderne français à Nantes.

Quel futurologue aurait pu prédire en 1850, ou lors des grandes expositions universelles de la fin du XIXe (voir “visionnaires du passé: comment ont-ils fait« ), et même au milieu du XXe, que le futur du transport urbain… celui du XXIe siècle… serait le tramway? D’autant que son déclin s’était poursuivi en dépit d’innovations spectaculaires, notamment sur le réseau de Lille, Roubaix, Tourcoing.

Bien sûr, nos tramways actuels ne sont plus ceux d’hier. Ils ont beaucoup évolué (comme n’importe quelle technologie courante), mais ce sont néanmoins… toujours des tramways.

Quels enseignements peut-on en tirer?

  • Nous avons vu sur l’exemple de la Justice (lien) que l’évolution technologique pouvait être sans effet face au poids de l’idéologie
  • Nous avons vu sur l’exemple du football (lien) que l’innovation pouvait accéder aux pratiques réelles sans pour autant dominer l’existant
  • Nous voyons ici que les pratiques du passé peuvent revenir se substituer aux technologies nouvelles lorsque celles-ci ne sont plus en mesure d’assumer la « marche en avant », car dans nos sociétés, l’obligation de marcher prévaut sur le sens de la marche

Ce dernier point est particulièrement important, car il peut produire des futurs totalement déconnectés de l’évolution technologique dominante.

Nous allons voir dans un prochain billet que ce principe est beaucoup plus actif qu’on pourrait le penser et que ses possibles, ou pour le moins ses influences, doivent être pris en compte dans toutes les démarches de prévision.


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