L’envol de l’addiction
Longtemps l’offre de services et de produits s’est vue elle-même comme répondant à des besoins, longtemps perçus comme naturels. L’émergence de la société dite “de consommation“ a brouillé cette notion par l’extension au domaine du loisir, de l’accessoire, du futile. D’un nombre restreint de “besoins fondamentaux“, on est passé à une constellation de “petits besoins“.
L’invention de “petits besoins“ ayant aussi ses limites, l’expansion de l’offre n’a pu se poursuivre qu’en “amplifiant ces petits besoins“, et ce, d’autant plus facilement que la technologie offrait sans cesse de nouvelles opportunités pour le faire. On est ainsi passé à une “constellation de grands besoins“… associée à une constellation de “grandes offres“ de produits, de services… et d’informations.
Les journées faisant toujours 24 heures, il est devenu de plus en plus difficile d’accumuler des pratiques devenues de plus en plus exigeantes.
La plupart des domaines d’intérêt ou de consommation (le sport, les jeux, les réseaux, les applications mobiles …etc…) se rattachent aujourd’hui à des informations, des équipements, des savoirs et des savoir-faire spécifiques. L’appartenance au “club“ suppose une compétence, qui ne peut être acquise et surtout maintenue que par une pratique assidue.
La consommation s’est professionnalisée.
Parallèlement, l’entreprise n’a cessé d’exiger des individus un engagement de plus en plus exclusif.
L’addiction s’est ainsi installée dans notre société comme le mode dominant de gestion du temps.
L’addiction se rapporte autant à des conduites telles que le jeu compulsif, la dépendance au jeu vidéo ou à Internet, les conduites à risques ou la pratique d’exercices sportifs inadaptés entraînant un syndrome de surentraînement qu’à la dépendance à des produits comme l’alcool, le tabac ou les psychotropes… /… Des exemples de dépendances psychologiques très répandues sont la dépendance au travail, à l’activité physique ou intellectuelle, qui peut parfois aboutir au surmenage (w)
Quelle influence ce phénomène peut-il avoir sur le futur?
l’impact sur les pratiques du futur
À l’instar des mobiles, des smartphones et des réseaux sociaux, l’adoption des futures innovations pourrait être liée à leur capacité à faire l’objet d’une addiction rapide et profonde.
Par ses exigences, ses idées fixes, voire son langage, l’addiction génère l’isolement des groupes ainsi que des individus à l’intérieur des groupes. Ceci paraît de nature à affecter le futur de cette société des réseaux, des échanges et de la communication qui nous semble promise.
La fatigue des “actifs“ et l’atonie des “passifs“ devraient mener tendanciellement le plus grand nombre vers les addictions les moins exigeantes.
Les besoins alimentaires de base se référent au quantitatif. Ceux de la diététique et de la gastronomie, au qualitatif. Ceux du boulimique nous ramènent… au quantitatif.
L’avenir de l’ensemble des produits et des pratiques associées pourrait être à réenvisager sur la base de cette analogie alimentaire qui pose, en outre, la question essentielle du futur de la “qualité“.
Laisser un commentaire