le futur des interfaces selon 3 approches

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interfaces et possibles technologiques

 

Qu’il s’agisse d’interfaces ou de toute autre problématique, le “possible technologique“ se pose en point de départ incontournable, mais cependant extrêmement ambigu. Doit-il inclure le possible de laboratoire? Doit-il inclure ce qui ne relève que du simple concept? Nous allons, dans un premier temps, nous en remettre à une approche intuitive qui retiendra ce qui apparaît comme “potentiellement réalisable“.

 

la suppression des frontières matérielles

 

Aujourd’hui, les interfaces qui font rêver sont celles qui concernent la suppression des frontières entre le monde matériel et le monde algorithmique. Les interfaces visuelles-gestuelles en sont les figures de proue, souvent associées à la transparence qui renforce encore leur dimension d’immatérialité. Le film de Steven Spielberg “Minority Report“ en a fait d’authentiques références pour les interfaces du futur.

On en retrouve une illustration ici (source)

BoitierEcranFinal

Puis sous d’autres formes dans cette première vidéo (source)

Cette seconde vidéo montre comment des chercheurs de Fujitsu conçoivent l’abolition de la limite entre le document papier et le périphérique électronique (source)

fujitsu-600x247

Cette troisième et “longue“ (13mn) vidéo de présentation d’un chercheur du MIT (en anglais, mais sous-titrage en français) montre d’autres jeux possibles autour de la limite entre les mondes matériel et numérique. (source)

On citera enfin, ces interfaces dites holographiques présentées dans cette étonnante vidéo où des interfaces complexes sont projetées devant le piéton qui marche ou entre des individus qui jouent sur un trottoir (source)

ProjRueFinal

le corps devenu un intermédiaire optionnel

 

L’eyetracking (en français oculométrie), où l’individu effectue ses commandes par le mouvement des yeux, s’inscrit également dans cette abolition des frontières. Différentes sociétés exploitent déjà ce principe comme par exemple pertech

Enfin, vision extrême de ce processus de dématérialisation des interfaces, l’éradication de tout intermédiaire corporel. On trouvera sur le site d’intendix  les démonstrations de 3 types de pilotage d’écrans directement par la pensée

• écriture de texte lettre par lettre

• contrôle d’écran, notamment de jeu vidéo

• peinture

et également, sous cet autre lien, le pilotage par la pensée d’un robot (source)

Enfin ce concept de commande par la pensée d’une caméra qui enregistre les moments émotionnellement significatifs, présenté sur une courte vidéo (source)

Ces dernières évolutions relèguent les éléments corporels à de simples intermédiaires de commande, au même titre que n’importe quel dispositif. Le corps humain peut même devenir un simple transmetteur de données algorithmiques (source)

Le PDG d’Ericsson, Hans Vestberg, s’est livré à une étonnante démonstration lors de sa conférence de presse, le CES de Las Vegas. Son corps a servi de conducteur dans le transfert d’une photo d’un smartphone vers un grand écran, sans le moindre câble ou signal radio.

Le dialogue homme-machine peut également s’appuyer sur des dispositifs incorporés à l’humain à titre permanent à l’instar des pacemakers. On citera les incorporations de puces sous-cutanées (source)  ainsi que les implants épidermiques de puces, voire de batteries, comme dans l’exemple suivant

Cette abolition des frontières entre le corps, son environnement et le monde des algorithmes nous amène au seuil des visions transhumanistes.

 

les perspectives énigmatiques des nanotechnologies

 

Le caractère assez peu intuitif des nanotechnologies, mais leur présence croissante dans les nouveaux possibles laissent la porte ouverte à des futurs dont il est difficile de cerner les limites.

ici des applications dans la lutte contre les contrefaçons

 avec le système Eyefly3D la mise à disposition de la 3D par application d’un film de 0,1mm sur l’écran d’un smartphone.

Beaucoup pourraient être citées en un inventaire encore assez décousu.

 

l’interface inversée puis finalement dissoute

 

En décembre 2012, dans son rapport annuel baptisé 5in5, IBM étudiait quelles seraient les tendances pour les 5 prochaines années.(source)

L’ère des systèmes cognitifs arrive …/… les ordinateurs ou les smartphones devraient apprendre les 5 sens des êtres humains.

La vue, avec la reconnaissance faciale, poussée jusqu’à l’identification de notre humeur, pourrait ainsi être complétée par les capacités olfactives qui permettrait, pourquoi pas, à l’ordinateur de nous identifier par notre odeur à la manière d’un chien. Il sait déjà comprendre quand on lui parle (voir le SIRI d’Apple ou équivalent).

Cette voie nous entraine vers des futurs où les machines sauraient interpréter nos envies, anticiper nos actions, et comprendre la moindre de nos impulsions… soit la dissolution de la notion même d’interface.

 

interfaces et interprétation des tendances

 

Les références technologiques intégrées dans cette seconde approche peuvent nous ramener à celles du chapitre précédent. Mais il s’agira d’une autre lecture où les dispositifs particuliers d’interfaces ne vont pas nous intéresser en tant que promesses de futurs, mais en tant que symptômes. On y verra avant tout des révélateurs de problèmes à résoudre.

 

des interfaces sans périphériques

 

la question du clavier

 

De multiples procédés, déjà commercialisés pour certains, visent à la réduction voire à l’éradication des claviers qui, matériels ou virtuels, prennent dans tous les cas trop de place sur les appareils portatifs au détriment de l’écran, jugé plus utile.

• miniaturisation comme le Minuum, a été développée par la start-up Whirlscape Inc.

• l’ingénieux clavier zoomable Zoomboard (vidéo)

• claviers projetés (de multiples modèles sont aujourd’hui en vente)

Dans cette optique, pourquoi d’ailleurs ne pas imaginer le retour au clavier à “1 touche“, celui qui servait jadis à communiquer en Morse… mais avec le soutien d’algorithmes actuels.

En dehors de certains concepts envisagés au chapitre précédent, la réponse ultime pour les commandes évoluées reste évidemment l’interface vocale implémentée aujourd’hui sur beaucoup d’appareils. Elle présente l’intérêt de pouvoir s’appliquer à des systèmes portatifs très miniaturisés.

Pour les commandes plus simples, ceux-ci pourraient également supporter des interfaces gestuelles comme celle proposée par la société Chip Microsystem à partir d’une petite puce qui utilise les ultrasons pour détecter les gestes en trois dimensions.(source)

Cette évolution récente modifie peut-être le sens de l’interface gestuelle. Celle-ci ne correspondrait plus seulement à un mode de communication sans contact bien adapté au pilotage d’interfaces sur grand écran, mais assurerait dorénavant une fonction de zoom qui, globalement, ajusterait des commandes effectuées à l’échelle de l’humain à celle de récepteurs de tailles beaucoup plus grandes ou beaucoup plus petites.

 

la question de l’écran

 

Même privilégié par rapport au clavier, l’écran devient lui aussi progressivement impropre à sa fonction. Il contrarie la marche vers la miniaturisation («la miniaturisation: l’essoufflement d’un argument de progrès») alors qu’il s’avère trop réduit pour les usages aujourd’hui dominants de la vidéo (cf ci-dessous).

Des réponses sont proposées selon des voies divergentes

• la réduction du smartphone au rôle de pilotage d’écran de grandes dimensions

• la focalisation des appareils mobiles sur les fonctions de commande faiblement visuelles (iwatch…)

• la banalisation des surfaces-écrans envisagées au chapitre précédent

Toujours révélateur d’une même insuffisance, mais travaillant dans la direction inverse, on trouve  les smartphones multi écrans (Kyocera Echo, LG Genesis, LG Doubleplay) (source)  sur lesquels peuvent se greffer des fonctions nouvelles autour du multitâches.

Mais la question demeure: la fonction-écran pose problème et va devoir évoluer.

 

la convergence des médias

 

Cette dilution progressive des périphériques accompagne une irrésistible montée de la vidéo dans la consommation de médias (source Cisco)

La somme de toutes les formes de vidéo (TV, vidéo à la demande [VoD], Internet et P2P) sera de l’ordre de 80 à 90 % du trafic mondial de consommation d’ici 2017

Cette convergence des médias autour de la vidéo amène à de nouvelles formes de consommation (on se référera à cet article de Cyrille Franck sur l’évolution possible des usages que permet le multi-écran .

Ce phénomène ne détermine pas directement une interface, mais révèle un contexte futur porteur de nouvelles exigences.

 

le principe du “sélection-marche-arrêt“

 

La complexité d’interfaces des suites bureautiques et des metteurs en page d’hier fait place progressivement aux Google Docs ou équivalents. Les textes courts envahissent les réseaux. L’avènement de la micro-informatique a été rendu possible par l’acquisition, par le plus grand nombre, de compétences qui tendent à devenir inutiles aujourd’hui. Cette évolution est également à l’oeuvre dans la remise en cause des périphériques, notamment des claviers et dans l’essor des tablettes, adaptées à la consommation (voir chapitre précédent) beaucoup plus qu’à la création de contenu. L’essor des smartphones a été celui des micro-applications simples et spécialisées qui n’ont plus aucun besoin de notices d’emploi éditées dans la collection “Pour les nuls“.

Les interfaces du futur vont probablement s’inscrire dans cette évolution. Les dispositifs complexes pourraient être remplacés par le principe du “sélection-marche-arrêt“, qui gère les mini-applications sur smartphone et qui ouvrirait les possibilités d’autres types de fonctionnement, comme ces oreillettes sans fil commandées par les claquements de dents.

 

interfaces et pouvoirs

 

la domination par les systèmes propriétaires

 

L’actualité technologique résonne de la guerre entre Apple et Samsung ou entre IOs et Android. Chacun veut amener les utilisateurs dans SON système, vers SA base de données, et vers SA boutique. Et les choses ne semblent pas être parties pour en rester là. Des ébauches diverses montrent bien ce que nos géants ont dans la tête à l’instar d’Amazon:

Amazon, qui a énormément diversifié ses activités depuis ses débuts comme simple libraire en ligne, est déjà entré avec succès sur le marché des tablettes informatiques avec son Kindle Fire qui s’est imposé comme un concurrent sérieux de l’iPad d’Apple. Toujours selon le Wall Street Journal, le groupe dirigé par Jeff Bezos développerait ainsi actuellement deux smartphones ainsi qu’un décodeur télé et radio permettant de regarder ou d’écouter des contenus en streaming, comme ceux par exemple proposés par Amazon sur la console Xbox 360. Certains de ces appareils pourraient être mis sur le marché dans les prochains mois, ont précisé les sources au journal.

Et s’y ajoute les projets:

 • création d’un réseau satellite dédié propriétaire (source)

création d’une monnaie virtuelle, l’Amazon coins ,

L’impact de ces manœuvres sur les interfaces va dépendre du futur des rapports de forces entre ces géants, selon qu’ils seront encore astreints à séduire ou en position d’imposer.

 

la modularité au carrefour de multiples exigences

 

Tous les secteurs industriels s’orientent vers des modes de production modulaires qui seuls permettent d’optimiser la rentabilité de composants devenus souvent complexes. Le principe de modularité gagne même la microrobotique (source)

Cette évolution pourrait concerner les interfaces au travers de plusieurs types d’exigences

• la production des terminaux eux-mêmes

• la cohabitation éventuelle de systèmes propriétaires

• la cohabitation de connexions choisies  ou à caractère obligatoire

• la gestion d’offres différenciées et évolutives

Un smartphone conçu autour du PhoneBloks par Motorola (source)  illustre ce principe.

PhoneBocks_Ara_Final

Cette modularité “classique“ généralise celle qui était déjà sous-jacente aux ajouts de capacités par boitier comme celui d’Archos, du Kinect de Microsoft, de la Smart Evolution Kit de Samsung … et bien d’autres.

Mais la modularité se raisonne également par “couche“. Isorg, une société grenobloise a développé ce qu’elle présente comme:

Une technologie innovante permettant de transformer les surfaces en plastique et en verre en surfaces intelligentes …/… La flexibilité de cette technologie est un avantage majeur en termes de réduction de coûts, de designs innovants, de finesse et légèreté des composants permettant d’ajouter de nouvelles fonctionnalités à de nombreux types de produits

La liste d’applications envisagées pour ces “strates“ d’intelligences dédiées impressionne. Elle concerne les domaines les plus divers. (voir le site)

Quelles interfaces pour ces constructions modulaires?

 

l’intégration permanente du paiement

 

Les géants d’Internet se sont lancés dans une course effrénée au recueil de nos données personnelles, dans le but avoué de cibler au mieux leurs publicités contextuelles. Pour un utilisateur en situation de mobilité, à quoi servirait tout cela si ce n’était pour stimuler les achats d’impulsion… en situation… ce qui suppose l’intégration de procédures de paiement permanentes. Le paiement sans contact par carte bancaire constitue une première évolution vers plus de rapidité et de simplicité, mais les choses iront sans doute bien au-delà.

Des principes tarifaires adaptés à l’intermittence de certains accès (au réseau, à certains sites ou à certains services) amèneraient l’utilisateur à accumuler des micropaiements.

Cette évolution existe déjà, par exemple, dans les jeux vidéos comme Real Racing 3 et autres titres d’Electronic Arts à venir (source) . On la retrouvera dans les sollicitations d’achat sans doute croissantes par murs commerciaux virtuels comme ceux déjà crées dans les gares par RueDuCommerce-Altarea Cogedim (source) ou par la chaine Carrefour dans la gare de la Part-Dieu à Lyon.

Quelles interfaces pour ces nouveaux usages ?

 

vers une méthode ?

 

le travail initial sur les approches

 

Les approches mentionnées ne sont que survolées dans ce billet. Dans une démarche authentique de prévision, il conviendrait de les traiter de manière beaucoup plus systématique et d’en extraire méthodiquement tout ce qui impacte la thématique étudiée, ici les interfaces. Des approches supplémentaires sont possibles, fondées sur d’autres concepts  (futurologiques, psychosociologiques…etc). Le poids relatif de chacune peut faire l’objet de différentes hypothèses.

Entre autres exemples:

 • Quelles hypothèses retiendra-t-on sur l’évolution politique (démocratie, totalitarisme) ou économique (destruction rapide ou non de la classe moyenne et par là d’un certain type de consommation et de comportement)?

• La hiérarchie des pouvoirs va-t-elle devoir compter avec de nouveaux arrivants: les banques, par exemple? Celles-ci sont les seules à disposer de toutes les données sur notre solvabilité instantanée, c’est-à-dire les seules qui disposeraient de l’ensemble des données personnelles “intéressantes“ en cas de suivi permanent de l’individu… à moins, qu’à l’inverse, d’autres s’approprient la fonction bancaire.

• … etc

 

Une veille aux multiples facettes

 

Pourquoi une veille technologique?

 

La question n’est pas aussi triviale qu’elle en a l’air. En effet, si nos prévisions s’avèrent instables au point de pouvoir être remises en cause par n’importe quel nouveau concept… c’est qu’elles ne sont pas très utiles. Effectuer une veille signifierait donc «ne pas y croire beaucoup». Une veille sur les possibles technologiques correspond à d’autres mobiles. Elle permet l’ajustement, dans un premier temps, elle questionne dans un second. Lorsque nos prévisions n’apparaissent plus déstabilisées par les innovations… on est sans doute sur la bonne voie. À l’inverse, l’existence d’une prévision construite finalise la veille.

En outre, la veille technologique se doit d’intégrer progressivement les possibles des domaines spécialisés très peu accessibles (nanotechnologie, génétique, quantique …etc), mais susceptibles, à terme, d’être déterminants dans de multiples domaines, à l’instar de celui des interfaces utilisateurs envisagées ici.

Pourquoi une veille sur les tendances

 

La veille prendra ici un sens différent dans la mesure ou la formulation de tendances est un travail d’interprétation qui pose problème dans ses termes comme dans son niveau de généralité. Une tendance peut en recouvrir plusieurs ou inversement. Certaines encore cachées peuvent devenir identifiables… etc. On se référera au billet dédié à cette question: «combien de futurs y a-t-il derrière une tendance?».

L’objectif ? Le même que précédemment: ajuster, questionner, valider.

 

Quelle veille sur les champs de forces

 

L’approche des rapports de pouvoirs relève également de l’interprétation, mais à un niveau d’analyse générale aux références différentes, mais aux objectifs identiques. De plus, elle est par nature trans-sectorielle et cumulative.

 

le premier composant d’une méthode

 

Ce survol rapide nous aura permis de constater que la prévision, celle qui se situe au-delà des projections courtes, nécessite un travail approfondi de construction préalable: la définition d’une base de départ. Envisager un thème sous plusieurs approches constitue le premier volet de cette phase préalable. D’autres seront explorés prochainement.

 

 

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