Pourquoi des métaphores pour penser le futur ?

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métaphore, pensée, compréhension

 

Nous n’allons pas engager ici un développement susceptible de concerner à des degrés divers toutes les sciences de la pensée (sciences cognitives, linguistiques, psychologie, psychanalyse, philosophie… etc.). Nous allons «prendre au plus court “ en nous appuyant sur les analyses de quelques spécialistes de référence.

On peut poser en premier lieu que l’approche par métaphore est d’autant plus incontournable qu’elle opère même à notre insu (George Lakoff – citation-w ):

Nous n’avons pas conscience de notre système conceptuel, et une observation attentive de notre langage permet de voir que les métaphores structurent nos concepts

Nietzsche assimilant la pensée elle-même à un processus métaphorique.

Ces métaphores-là appartenant à notre inconscient, il apparaît dès lors nécessaire d’en imaginer de plus explicites. Julian Jaynes (- citation-w) fait de la métaphore le passage obligé de la compréhension.

À la base de tout langage existe la perception brute, qui est le mode de compréhension premier du monde : il s’agit ensuite de parvenir à une métaphore de cette chose, en lui substituant quelque chose qui nous soit plus familier

La métaphore s’impose d’elle-même dans la communication des idées (Jean-Luc Nespoulous – Institut des sciences du cerveau de Toulouse – citation-w -)

L’absence de métaphore nuit à la compréhension d’un énoncé complexe

On pourrait ajouter “y-compris lorsque nous devisons avec nous-même“.

 

métaphore et futurologie

 

À partir de ces généralités, la question se pose de savoir ce que la métaphore est susceptible d’apporter plus particulièrement à l’approche du futur?

Avec Dan Sperber – (citation-w ), nous allons commencer à trouver, des corrélations qui nous rapproche de notre propos où les métaphores apparaissent comme

…des exploitations créatives et évocatrices

Un rattachement plus opératoire à notre problématique est formulé par (Michel Meyer – citation-w )
dans Principia Rhetorica :

La métaphore exprime ainsi l’énigmatique : ce qu’elle dit ne peut être pris au pied de la lettre. Elle est une façon de dire le problématique au sein du champ propositionnel. Elle se situe à mi-chemin entre l’ancien, qui n’a plus à être énoncé puisque connu, et le nouveau, qui est irréductible aux données dont on dispose, puisque nouveau. Bref, la métaphore négocie l’intelligibilité des situations et des émotions nouvelles par rapport aux anciennes, dont elle modifie le sens tout en le préservant: et c’est cette dualité que l’on retrouve dans les expressions métaphoriques.

Bien sûr, le “nouveau“ exprimé ici peut concerner une nouvelle façon d’aborder un problème ancien et ne suppose pas obligatoirement une orientation vers le futur, mais:

• d’une part, la façon dont nous abordons le futur, ou dont nous devrions l’aborder, ne se laisse pas approcher facilement et a besoin de s’exprimer autour de principes identifiables
• d’autre part, le futur va nous livrer des pratiques sociales effectivement inconnues à l’heure actuelle qu’il conviendra cependant de rendre intelligibles.

 

métaphore, un passage presque obligé

 

Globalement, construire de nouvelles et nombreuses métaphores du futur apparaît comme une exigence de démarche à plusieurs titres. C’est à la fois:

• interpeller nos représentations inconscientes du futur
• questionner les démarches existantes – les nôtres et celles des autres –
• s’ouvrir des voies nouvelles d’exploration

C’est à la fois:

• un outil de rationalisation, de communication et de créativité

Et en plus… c’est amusant.

Mais, dans le domaine de la communication, la métaphore présente l’inconvénient d’exiger «une connivence entre le locuteur et l’interlocuteur» (w). Nous aurons donc le plus souvent recours à des analogies, c’est-à-dire à des métaphores explicites.

 

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