les inquiétants progrès de l’idéologie anti-humaine

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Objet de multiples définitions , «Idéologie» s’entendra ici comme un ensemble de croyances, de valeurs et de routines intellectuelles, socialement admises à un moment donné, et qui pèsent sur les pensées individuelles jusqu’à les déterminer en très grande partie.
On peut poser qu’une idéologie ne se construit pas à partir de rien, mais dans une boucle de rétroactions dans laquelle des fragments préexistants se transforment, se raccrochent les uns aux autres, collaborent à une pensée plus large et sont, en retour, eux-mêmes renforcés par cette nouvelle cohérence globale dans laquelle ils se trouvent progressivement incorporés. Au niveau supérieur, cette cohérence globale débouche sur une “vision du monde”.

fragments idéologiques traditionnels “dormants”


Certains de ces fragments sont “dormants”, au sens où ils survivent à toutes les époques, mais sont susceptibles d’être mis ou remis au service des logiques les plus diverses… donc éventuellement – et ce sera notre propos du moment – au service d’une idéologie anti-humaine.

la religion

Elle pousse aux croisades en prônant la paix, ce qui témoigne de sa résilience, et présente l’homme comme impur, pêcheur ce qui peut stimuler celui-ci à se hisser vers le meilleur, comme à se laisser glisser vers la fatalité du pire. Rien n’a davantage influencé la pensée collective que la religion. Pour elle, au contraire de Dieu, l’homme est imparfait… surtout l’infidèle… ce qui signifie tout le monde… si l’on considère qu’on est toujours l’infidèle de quelqu’un. Les modes de pensée hérités du religieux seraient ainsi en mesure d’amplifier rapidement l’idéologie anti-humaine s’il advenait que la pensée collective dérive dans cette direction.

la xénophobie

La xénophobie  est une « hostilité à ce qui est étranger »…/… elle se détermine selon la nationalité, l’origine géographique, l’ethnie, la race présumée (notamment en fonction de la couleur de peau ou du faciès), la culture ou la religion, réelles ou supposées, de ses victimes.
Le mauvais humain c’est celui qui est différent de moi… en commençant par ceux que je perçois comme les plus différents… puis, de proche en proche,… presque tous les autres, c’est-à-dire, au bout du compte, l’ensemble des humains… à l’exception de quelques-uns.

l’ordre

De tout temps, l’aspiration à l’ordre a été au moins latente dans les sociétés humaines. L’ordre impose une vision abstraite indépendante de ce à quoi elle s’applique.
L’humain n’y bénéficie pas d’un statut particulier. Les alignements de l’ordre sont les mêmes pour un parking, un cimetière ou un défilé militaire. L’ordre est anti-humain par indifférence.

les régimes totalitaires, le capitalisme et les utopies

On peut noter ce point comme une simple extension du point précédent. L’utopie relève des mêmes ressorts de pensée que le totalitarisme: l’humanité y est vue comme composée d’exécutants. Or, l’utopie émerge aujourd’hui dans les discours comme un soubresaut face à la probabilité jugée croissante de multiples catastrophes annoncées. Elle prend appui sur la méthode Coué: «les peuples vont prendre conscience de… se rallier à… et s’unir pour… »… avant d’amorcer son virage le plus naturel: « s’ils ne le font pas… il faudra le leur imposer… s’il le faut par la force!».
La vision capitaliste du monde s’inscrit dans la même mouvance: l’humain, là encore simple exécutant de production ou de consommation, se situe très bas dans la hiérarchie des valeurs. ”La fraude L’optimisation fiscale” est fondée sur l’idée que le plus grand nombre ne mérite pas de bénéficier des bienfaits de la richesse collective, fût-ce de façon indirecte.

fragments idéologiques “actifs”: tous les visages de la multitude


Le développement des médias et des technologies de communication a donné une consistance à la multitude humaine. À l’instar des ordres, les multitudes tendent à toutes se ressembler. L’humain y perd son essence. Les guerres nous prouvent quotidiennement qu’il est psychologiquement plus facile de tuer mille personnes qu’une seule.
Les projections démographiques ont fait glisser l’indifférence vers “la peur exponentielle”. L’humain devient un tsunami… une catastrophe. Il ne faut plus faire d’enfants. Les sollicitations par les images de multitudes se multiplient, dans les médias d’une part (publics, embouteillages, migrants …), dans les approches statistiques d’autre part, ou le minimum du “million”, doit être impérativement invoqué, quel que soit le propos, sous peine d’un désintérêt unanime. Ainsi lorsqu’une pulsion humaniste amène à souligner que les 26 personnes les plus riches pèsent autant que “la moitié de l’humanité”… cela réduit à “rien” la moitié de l’humanité… donc, par extrapolation implicite, l’humanité toute entière.

les courants structurants


À ce niveau, il devient nécessaire d’exprimer ce qui va permettre à tous ces fragments d’idéologies de se raccorder les uns aux autres pour se fondre en une vision globale.

la dissolution de l’humain dans le vivant

La banalisation de l’humain est sous-jacente aux thèmes précédents. Tout devient équivalent à l’humain, depuis l’embryon de 48 heures jusqu’au poulet pour les antispécistes. Mais si l’humain est partout, c’est peut-être qu’il commence à ne plus être nulle part… à n’être plus rien d’autre qu’une quelconque sous-catégorie du vivant.

la désacralisation de l’humain & le transhumanisme

L’humain s’assimile aujourd’hui à un ensemble de données. Ses organes sont remplaçables par des dispositifs techniques. On traque le lieu de ses aptitudes dans sa cartographie cérébrale et dans ses gênes ses prédispositions. L’équivalence homme-machine est testée dans les duels aux échecs ou au jeu de go ou plus simplement par le fameux test de Thuring. Comme tout dispositif technique, l’humain devient améliorable. Déjà posé comme non spécifique par rapport à n’importe quelle espèce vivante, l’humain le devient également par rapport à la machine, alors même que personne ne se permettrait d’assimiler à une machine… un ours, un loup, un rossignol ou un embryon.

l’écologisme

Mais le principe structurant déterminant, celui que nécessite cet agrégat d’idéologies incomplètes pour s’inscrire dans une cohérence nouvelle, est offert par l’écologisme où, pour la première fois, l’idéologie anti-humaine se trouve tout près d’être explicitement revendiquée.
Prédateur universel, source de toutes les nuisances, pilleur de toutes les ressources, l’humain retrouve dans l’écologisme le statut de pêcheur que lui avaient conféré les religions… mais validé et quantifié par la science… et multiplié par sept, huit, neuf ou dix milliards. L’humanité n’est même plus un troupeau. C’est un nuage de sauterelles.

en guise de conclusion provisoire


À partir d’un terreau multiséculaire, mais dormant, une vision du monde anti-humaine s’impose très progressivement sous les impulsions conjointes des pensées technophiles (transhumanisme) et technophobes (écologisme). Sa capacité de drainage des fragments d’idéologies toxiques en est multipliée.
À titre d’illustration, on lira  cet article … et quelques uns de ses commentaires.

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