«Ce qui est crime ou délit aujourd’hui ne le sera pas nécessairement demain ». Ceci est une citation… d’une historienne… spécialiste du domaine.
Depuis 1810, le Code pénal français fonctionne par ajouts et retraits successifs «créant» des crimes et des délits nouveaux, en prenant en compte des pratiques jusque-là plus ou moins tolérées, en éliminant d’autres, entrées dans les mœurs.
Ce propos s’inscrit dans le droit fil d’un ancien billet “le concept de légitimité: une clé pour l’approche du futur”.
quelques exemples
(*) Le parricide et le crime de lèse-majesté étaient considérés comme les crimes les plus graves dans la première moitié du XIXème siècle, alors même que la pédophilie «n’a pas toujours été réprimée, loin s’en faut».
(*) L’adultère a été dépénalisé le 11 juillet 1975
(*) Le viol est devenu un crime en 1980. Avant cette date, le viol était considéré comme un délit.(*) En 2021, 51 % des crimes sanctionnés sont des viols.
Quels signaux permettraient aujourd’hui d’envisager ce que seront demain les crimes jugés les plus graves?
autour du meurtre
Revenons sur le meurtre qui demeure le crime le mieux documenté…
La gravité perçue d’un meurtre a toujours été – et selon les époques – liée à certaines de ses variables.
quelques variables
La gravité du crime dépend des préjugés et préoccupations sociales du moment.
- À l’heure actuelle, tout crime susceptible d’être rattaché à un acte terroriste devient d’une extrême gravité
- Les féminicides liées aux violences conjugales, bien que demeurant des crimes relativement rares (une centaine par an), n’en ont pas moins acquis aujourd’hui une importance considérable, surtout par rapport aux victimes masculines dont le rapport n’est pourtant que de un à quatre.
- D’ailleurs, le nombre de morts n’a plus aucun impact sur la perception du crime et 100 femmes par an apparait beaucoup plus lourd que 3300 migrants ou 40000 Palestiniens sur la même période
La gravité du crime dépend de la victime
- voir historiquement le parricide ou le crime de lèse-majesté
- comme vu plus haut, tuer une femme est aujourd’hui plus grave que de tuer un homme.
La gravité du crime dépend de l’assassin
- voir terrorisme
- la gravité perçue à partir de la sévérité de ses sanctions (source INSEE):
Quand elles sont condamnées, les femmes bénéficient de sanctions moins lourdes que les hommes, tant en type de peines qu’en durée d’emprisonnement
le futur du crime
“La privation de vie” proprement dite n’a jamais été au centre du propos. Le crime est évalué selon ce qu’il représente et les valeurs qu’il agresse comme l’autorité pour le parricide et le crime de lèse-majesté. Il en va de même pour l’agression de minorités ou les crimes liés au terrorisme, au racisme, à l’antisémitisme… La réaction au crime n’est pas liée à l’empathie, mais à son caractère blasphématoire.
S’interroger sur le futur du crime revient à s’interroger sur le futur du blasphème… et plus particulièrement du blasphème laïque. Ce fut l’objet d’un billet précédent: « la dictature montante des “questions de principe”.
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