Pédophilie: est-ce une tendance?

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La pédophilie n’est pas née d’hier (lien)

Le pape rappelle les «péchés» des prêtres du Moyen Âge

Pourtant ce ne fut pas toujours un interdit fondamental (lien)

C’est à la fin du XIXe siècle que la pédophilie est devenue un scandale

Rappelons néanmoins que le code Napoléon (1810) l’incorporait en mentionnant que (w)

tout commerce sexuel avec un (ou une) mineur(e) est considéré comme un crime

Ce crime est-il en progression récente? (André CIAVALDINI, « PÉDOPHILIE », Encyclopædia Universalis)

Il n’est pas certain que, en proportion, les agressions sexuelles sur enfants soient plus nombreuses aujourd’hui que ce quelles ont été par le passé.

De quels repères statistiques dispose-t-on ?

Selon l’Observatoire National de l’Action Sociale Décentralisée, il y aurait eu, en France, 5500 enfants victimes d’abus sexuels en 1995, (stationnaire en 2000 )… beaucoup trop, bien sûr, du point de vue des victimes, mais bienheureusement extrêmement marginal du point de vue des pratiques (7/1000 de la population mineure). En outre, presque 30% de ces abus seraient le fait d’autres mineurs.

Des statistiques dans ce domaine ne doivent être comprises que comme des repères approximatifs (nous allons y revenir un peu plus loin). Ils montrent cependant qu’en dépit du traitement médiatique dont il fait l’objet dans le cadre du ” tout sécuritaire ” actuel, l’adulte pédophile, à l’instar du terroriste, reste l’infime exception.

La pédophilie actuelle est donc, avant tout, le point focal d’une idéologie… au moins pour l’instant. C’est la première dimension à prendre en compte pour envisager son futur.


La dimension idéologique de la pédophilie


Le pédophile et le terroriste sont des criminels, mais ils sont ” aussi ” l’équivalent des sorcières au Moyen Age ou, plus près de nous, des communistes pour l’Amérique du maccarthysme. Leurs avenirs dépendent donc en premier lieu du futur du ” Mal absolu ”.

Celui-ci apparait comme une nécessité pour une société qui ne sait pas, ou plus, trouver une cohésion autour du ” pour ” et qui la recherche autour du ” contre ”. D’où les questions:

  • Le Mal absolu pourrait-il ne plus être nécessaire à la cohésion sociale dans le futur?
  • Dans le cas contraire, la pédophilie continuera-t-elle à en faire partie?

Ces questions tournent autour de l’idée d’abus (lien).

Le pervers revendique le droit de jouir du corps de l’autre appréhendé comme objet et non comme sujet, se trouvant ainsi dans la logique de l’abus (abus de pouvoir ou abus sexuel)

Un abus peut évoluer vers une aggravation, vers une atténuation, il peut s’installer à partir d’une forme de banalisation ou disparaitre pour diverses raisons, par exemple la révolte du plus grand nombre, l’incompatibilité avec des intérêts fondamentaux ou… l’écrasement par un autre abus. Ce qui nous donne de multiples scénarios possibles pour le futur de la pédophilie.


Le premier paradoxe


La pédophilie présente une particularité très paradoxale. Elle fusionne l’abus et la révolte contre l’abus en un principe idéologique unique qui pourrait se résumer de la façon suivante:

une union sacrée de l’ensemble des individus d’une société qui ont en commun l’intime conviction d’être les seuls à ne pas être pédophiles quand tous les autres le sont, au moins potentiellement.

Le fait de considérer tous les autres comme des pédophiles en puissance justifie ainsi toutes les mesures sécuritaires face au nombre présumé de pédophiles et offre à ces mesures tout le consensus social possible grâce au nombre de ceux qui ne le sont pas (… et qui sont les mêmes).

Tous victimes, tous bourreaux… sans doute la quintessence d’une idéologie sécuritaire vraiment efficace.


Les chemins détournés d’une banalisation de la pédophilie


Est-il imaginable qu’un crime aussi révoltant puisse un jour se banaliser? Plusieurs voies pourraient mener à cela.

Certaines viennent immédiatement à l’esprit:

  • Un malheur potentiel qui ne débouche jamais sur une réalité perd sa crédibilité en tant que risque. Cette forme de banalisation bénéficie aujourd’hui aux centrales nucléaires françaises ou au Big One en Turquie ou en Californie. C’est la perception de la pédophilie qu’auront, au fil du temps, la majorité des parents et des enfants.
  • Bizarrement, la cause inverse tend à produire le même effet. Une ” anormalité ” qui se produit sans arrêt… n’est plus perçue comme telle. Elle s’installe progressivement dans la vie courante, un peu comme les morts sur les routes. Les médias sont le principal véhicule de ce type de banalisation… qui paradoxalement cohabite très bien avec la précédente
  • La recherche de l’évènement dans l’évènement, à savoir la pédophilie associée à des crimes affreux tend à banaliser la pédophilie ” normale ”, si l’on ose dire. Là encore, l’œuvre des médias.

D’autres voies sont cependant le produit de mécanismes plus sournois

  • En premier lieu, le mécanisme utilisé par l’auteur de ces lignes au début de ce billet à savoir l’approche statistique. Le recours à cette approche semble nécessaire à une compréhension, mais l’effet de la statistique (qui n’est rien de moins que son objectif) est de fabriquer des sous-groupes à l’intérieur d’un groupe… donc évidemment des niveaux de gravité différenciés selon différentes situations, d’où une banalisation progressive des catégories comparativement perçues comme ” moins graves ”. Le ” crime global ” se trouve progressivement rogné, épluché, au fur et à mesure que sa connaissance s’améliore. Mais faut-il alors continuer à le juger en renonçant à le comprendre?
  • Un autre mécanisme de banalisation découle du ” télescopage de militantismes ”. Un exemple. Tous les sites féministes évoquent évidemment et à juste titre les violences faites aux femmes et plus particulièrement le viol. Parmi eux, ceux qui parlent de pédophilie ne manquent jamais de souligner que la grande majorité des agressions pédophiles frappent les filles et sont le fait des hommes. Ce faisant, en distinguant les enfants selon leur sexe, ce discours fait entrer l’enfant dans ” l’espace sexuel de l’adulte ”. L’acte tend par là à devenir ” moins choquant ” que si l’enfance apparaissait ” désexualisée ” (au sens de l’adulte) et ” globalement sanctuarisée ”.

Nous reviendrons dans un futur billet sur ce dernier principe, car il a sans doute une portée générale et importante pour l’avenir. On peut l’exprimer de la façon suivante:

les différents militantismes sectoriels tendent à s’affaiblir mutuellement.

Sa banalisation peut emprunter tellement de voies différentes qu’il parait douteux que la pédophilie y échappe dans le futur. Faut-il en attendre une légitimation progressive? Pas forcément, mais au moins sa requalification de ” Mal absolu ” en mal… relatif, ce qui suppose que le Mal absolu, idéologiquement nécessaire, sera à appelé à se fonder sur d’autres représentations.


Le second paradoxe


Le Mal absolu socialement perçu aujourd’hui c’est la pédophilie.

Or (lien):

Il faut souligner que les cas d’inceste représentent 75 p. 100 des actes répertoriés d’agressions sexuelles (source S.N.A.T.E.M., 1999) et plus de 57 p. 100 des viols sur mineurs. Ils constituent 20 p. 100 des procès d’assises.

Comment se fait-il alors que le Mal absolu socialement reconnu ne soit pas l’inceste? Comment expliquer qu’il n’y ait ni reconnaissance sociale de cet abus, ni communication insistante sur ce sujet, ni union sacrée autour de son désaveu? Qu’est-ce qui justifie ce luxe de mesures et de précautions motivé par des actes supposés de loups solitaires, alors que l’on sait que le vrai problème ce n’est pas eux? En outre, il est fréquemment mentionné qu’une part importante des agressions pédophiles ne sont jamais révélées, donc jamais répertoriées dans les statistiques. N’est-il pas logique de penser que ces non-dénonciations concernent principalement les agressions incestueuses, où la domination s’applique à la fois à la victime et aux éventuels témoins?

Il est possible d’avancer une explication à ce paradoxe.

Contrairement à la pédophilie, l’inceste ne présente pas, ” aujourd’hui ”, les qualités requises pour fonder une ” idéologie de cohésion sociale ”. L’inceste fonctionne, par définition en vase clos, il ne constitue pas une ” menace sociale ”. Les pratiques incestueuses ne mettent en danger les enfants du voisin que si, précisément … elles cessent de l’être. Le vase clos familial, ce micro-monde, contient à la fois l’abus et la révolte contre l’abus. Rien n’est supposé en sortir. D’où absence de peur collective et absence d’union sacrée de victimes et de bourreaux potentiels.


les enseignements de la pédophilie


L’analyse de la pédophilie apporte des enseignements à plusieurs niveaux qui mériteront de futurs développements

  • La prévalence de la pédophilie sur l’inceste nous montre que la morale ne prévaut pas sur l’idéologie, elle n’en est que le support ou le prétexte
  • Que les situations d’abus les plus stables sont socialement produites, autour de groupes hiérarchisés comme l’entreprise et la famille, qui construisent par la dérive de leur hiérarchie même l’asymétrie des pouvoirs nécessaire à l’exercice de l’abus (domination / inceste dans la famille, domination / répartition des revenus dans l’entreprise…)

 

le futur de la pédophilie


 Si l’inceste, très logiquement amené à partir de la pédophilie, commence un jour à occuper le devant de la scène dans le ” combat contre le Mal absolu ”, cela sera sans doute lourd de significations. Il faudra sans doute y voir:

  • le stade ultime de la décomposition sociale en micro-mondes clos de type familial
  • l’isolement total de ces micro-mondes clos face aux intérêts supérieurs… sans doute économiques
  • l’indispensable prétexte pour une extorsion des données les plus personnelles des individus, au cœur même de leur vie familiale, si ce recueil apparait nécessaire aux intérêts supérieurs… sans doute économiques

La lutte contre l’inceste relèguerait alors le terrorisme et la pédophilie classique aux seconds rôles. Ceux-ci pourraient alors être vus comme ayant été des idéologies de transition qui auront permis le contrôle d’internet et les lois sur le renseignement, mais qui demanderaient à être remplacées dans l’optique d’un contrôle plus complet des individus.

Un scénario pour le futur de la pédophilie… possible… voir probable si aucun autre principe que la lutte contre le Mal absolu n’est trouvé pour assurer une cohésion sociale


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