Le 20 avril 1832, la toute première réserve naturelle avait été créée à Hot Springs dans l’Arkansas, précédant celle du Grand Paradis de Victor Emmanuel II, en Italie (1856). Mais la première ne visait qu’à protéger une source chaude, la seconde une espèce en voie de disparition (le bouquetin).
Créée le 30 juin 1864 par Abraham Lincoln, la réserve du Yosemite fut la première réserve naturelle à visée globale destinée à protéger «un temple incomparablement plus délicat que tout autre fait de la main de l’homme» (w).
Avec la notion de réserve naturelle, quelque chose s’est glissé entre l’homme et la nature, quelque chose qui s’appelle “l’idée de nature“.
Une fois née, l’idée de nature a commencé à avoir une vie propre.
D’abord simple intermédiaire, puis fracture… puis ligne de front.
En 1883, peu après la création de Yellowstone, premier parc national du monde, les indiens Shoshones présents sur ces territoires étaient déportés vers la réserve de Wind River. L’activité humaine devenait incompatible avec l’idée de nature, hier encore support de ces activités.
La nature ne sera plus désormais le milieu de vie de l’homme, mais un périmètre délimité, localisé, où se joue un spectacle qu’il faut se déplacer pour aller voir.
La nature va devenir “tourisme“.
Mise à distance, la nature va pouvoir devenir un sujet d’observation scientifique.
La nature va devenir “écosystème“.
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