Dans la prévision des comportements, le recueil des émotions amène à complexifier l’individu, alors que l’approche par les personnalités viserait à le simplifier.
L’évolution dans ce domaine va devoir composer avec un paradoxe:
- D’une part une marche vers la simplification semble inéluctable. Les données personnelles vont devenir de plus en plus difficiles à gérer de façon homogène et utile, même pour les machines, face à des cryptages plus sophistiqués, une adaptation des individus, des exigences de résultats croissantes et des pressions sur les coûts. En suivant la logique exprimée par le billet précédent, on peut ainsi miser sur un essor de l’approche des comportements par les personnalités… à la manière des profilers de nos romans policiers.
- D’autre part, les outils d’exploration sont désormais tous orientés vers le traitement de grandes masses de données. Or comme l’a dit Abraham Maslow: «Si le seul outil dont vous disposez est un marteau, vous tendrez à voir chaque problème comme un clou».
personnalité: vers la fin d’un paradoxe multimillénaire
la personnalité comme spécificité de l’individu
(*) Aujourd’hui l’idée générale qui ressort des différentes visions de la personnalité est qu’elle est l’ensemble des comportements qui constituent l’individualité d’une personne. Elle rend compte de ce qui qualifie l’individu: permanence et continuité des modes d’action et de réaction, originalité et spécificité de sa manière d’être. C’est le noyau relativement stable de l’individu.
la personnalité comme typologie
(*) Selon la théorie des humeurs, le corps est constitué des quatre éléments fondamentaux, air, feu, eau et terre possédant quatre qualités : chaud ou froid, sec ou humide.
re-complexifier la simplification
L’identité est en voie de devenir quelque chose d’éphémère alors qu’elle était supposée précisément incarner… le contraire.
personnalités & contrôle social
Lorsqu’un nombre significatif de personnes verraient leur spectre émotionnel se déplacer dans la même direction, cela signifierait … qu’il se passe quelque chose… dans un pays, une ville ou un quartier, dans un secteur de l’entreprise… à certains moments… à certaines saisons … etc. La base active du traitement massif et le recoupement avec d’autres indicateurs permettraient de savoir, assez rapidement la nature de … “ce quelque chose qui se passe”.
D’objet initial du suivi, l’individu serait rétrogradé au simple rôle d’émetteur d’émotions. Ce qui est perçu comme ce qu’il y a de plus inaccessible dans humain, à savoir “le sensible”, deviendrait le principal indicateur statistique du contrôle social.
retour sur les pratiques actuelles
Ainsi, dans un futur sans doute assez proche, si votre candidature à un poste est refusée de façon inexplicable, ce sera sans doute parce qu’un individu présentant un profil de personnalité proche du vôtre aura commis quelque chose de répréhensible. Le phénomène aura d’ailleurs toutes les chances de se reproduire. Personne ne sera en mesure de vous expliquer pourquoi: c’est une intelligence artificielle qui aura tranché…
… sauf évidemment quand votre candidature aura été recommandée… mais c’est, bien sûr, un autre débat.
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